Le 21 février 2023, au Palais de l’UNESCO à Paris, s’est tenu le symposium international Information as a public good: Which platform regulation for a troubled digital era?, co-organisé par #Leplusimportant, RadicalXchange et TESaCo. Le colloque faisait partie du Jour 0 de la conférence internationale de l’UNESCO Internet for Trust – Pour un Internet de confiance (Paris, 22-23 février).

L’événement a reçu les félicitations de l’UNESCO, à travers les mots enthousiastes de Marielza Oliveira pour le poids et la profondeur des idées générées et pour sa contribution majeure et son impact sur la réflexion collective. 

La désinformation, la manipulation de l’information et la haine en ligne, des effets bien connus – et discutés – de la communication sur Internet, peuvent avoir des répercussions très graves sur les individus et les sociétés, qui vont jusqu’à menacer la démocratie, ainsi que la sécurité et la liberté des pays et des personnes. 

La conférence Internet for Trust – Pour un Internet de confiance a été organisée par l’UNESCO dans le but de créer un effort collectif d’évaluation de la version préparatoire de ses Principes de régulation des plateformes numériques, l’objectif étant d’aboutir à une version définitive approuvée par le plus grand nombre de parties prenantes. Par cette initiative de grande envergure, l’UNESCO a mis l’accent sur l’urgence de protéger au niveau global l’information comme bien commun. 

Plus de 4000 personnes ont participé à la conférence en présentiel au Palais de l’UNESCO à Paris et en ligne. Les nombreux intervenants étaient issus de gouvernements, de régulateurs indépendants, d’entreprises numériques, du monde universitaire, de la communauté technique et de la société civile. L’événement a vu, entre autres, la participation du prix Nobel pour la paix Maria Ressa, dont le discours est disponible en ligne.

Le seul événement parallèle à la conférence à être étalé sur toute une journée, le symposium co-organisé par TESaCo, #Leplusimportant et RadicalXchange, Information as a public good: Which platform regulation for a troubled digital era? a mis en dialogue 24 speakers issus de think tanks, fondations et centres de recherche internationales autour de 4 tables rondes touchant à des thèmes clés tels que la régulation de la viralité en ligne, la possibilité de s’inspirer d’autres modèles de régulation (comme celui du climat) pour le domaine de l’Internet et l’encapacitation des usagers. 

En plus des tables rondes, le colloque a accueilli les interventions de Marielza Oliveira (Directrice pour les partenariats et le suivi opérationnel du programme, Secteur de la communication et de l’information, UNESCO) et Christophe Deloire (secrétaire général de Reporters sans frontières) qui ont introduit l’événement, ainsi qu’un discours de Nnenna Nwakanma (ambassadrice en chef du Web, World Wide Web Foundation) et un discours de clôture de Shoshana Zuboff (Professeure émérite à Harvard et autrice de Le capitalisme de surveillance) suivi par une discussion nourrie avec un public international en présence et en ligne. 

Pendant la journée, l’accent était mis sur l’importance de la recherche – et de l’accès à des données fiables – de manière à s’appuyer sur une connaissance partagée et plus précise concernant les effets de l’information en ligne aux fins de la régulation. 

Les intervenants au symposium, venus de plusieurs continents, ont aussi souligné la nécessité d’une approche globale mais qui tienne compte davantage du détail des situations spécifiques de certains pays.

En effet, si la désinformation menace la liberté des pays démocratiques, que dire de ses effets dans des régimes autoritaires ou dans ces pays où la démocratie est constamment mise en danger par une situation politique instable ? 

Un autre point important a émergé du débat : la nécessité de penser dès maintenant les défis futurs posés par les technologies en plein développement tels le metaverse, les technologies de décentralisation du web (i.e. blockchain) ou l’IA générative. L’IA générative peut en effet amplifier la production de contenus nocifs sur Internet, ce qui nécessite une régulation attentive à ce sujet, par exemple en demandant aux plateformes de préciser qu’un contenu est généré par l’IA.

Le rôle central des utilisateurs pour garantir un environnement informationnel sain a été mis plusieurs fois en avant. L’alphabétisation numérique était en ce sens un sujet porteur – le but étant de reconnaître aux usagers leur pouvoir de discernement et d’action – ce dernier assuré entre autres par le renforcement de l’interopérabilité. 

Parmi les obstacles à une régulation efficace qui ont été mis en évidence figurent la différence de temporalité, le décalage entre le processus relativement lent de régulation et les développements et changements hyper-rapides des technologies. En ce sens, l’effort collectif et la mise en place d’un dispositif de suivi efficace et multipartite pourraient aider à gagner du temps dans l’identification de solutions au fur et à mesure que des nouveaux problèmes surgissent. 

Le symposium ainsi que la conférence UNESCO marquent une étape importante dans l’évaluation des lignes directrices de l’UNESCO pour la régulation des plateformes numériques et un exemple puissant d’effort collectif pour atteindre une sagesse dans l’usage des technologies actuelles et du futur.  

A l’issue de l’événement, les organisateurs et les participants ont signé la tribune Securing information as a public good: A path forward to regulate platforms, with help from UNESCO and civil society, un appel à maintenir l’effort pour trouver une régulation fiable et s’opposer à la désinformation et la haine en ligne, tout en respectant la liberté d’expression. Selon les signataires, le succès de la conférence doit servir de base pour une action de plus longue haleine qui mobilise les acteurs intéressés à la fois globalement et localement pour proposer des solutions adaptées à chaque contexte et à chaque étape de l’évolution des technologies qui font l’objet de la régulation.  

Les lignes directrices de l’UNESCO ont été globalement bien reçues bien que, comme le précise l’UNESCO dans son reportage de l’événement, des modifications doivent encore être apportées – comme des acteurs, notamment du Sud, l’ont mis en évidence. Des commentaires relatifs au texte peuvent être envoyés en ligne jusqu’au 8 mars et un nouveau projet devrait être disponible d’ici la fin mars 2023.

Le programme complet du symposium Information as a public good: Which platform regulation for a troubled digital era?, co-organisé par TESaCo, #Leplusimportant et RadicalXchange est disponible en ligne.